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Le journal érotique de Florence
(pour voir Florence)
Morceau joué à quatre mains

Attention : Certains termes ou photos accompagnant les textes sont susceptibles de heurter la sensibilité.


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Trahison     Ton sang âcre    Je ne voulais pas    Sur le sable   Rêveries  Ta béance trouble

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Trahison

Mardi 21 Mars 2000

                                                                   Lui

Ta venue à l'improviste, Femme Suprême, ne m'étonne qu'à moitié. Tu me prends détendu, partiellement rêveur, occupé à la lecture d'un poème sur une chaise qui fut maintes fois socle de jouissance pour nos corps enlacés. J'ai idée que tu as remarqué  quelques allez et venues vers mon antre qui ne sont pas trop à ton goût.

Oui, mais plantes ont très certainement besoin d'eau.

Mais pourquoi faut-il, perfide, qu'au préalable tu déposes sur le coin de la table ce symbole tant de fois déchiré, froissé, parfois soigneusement découpé par toi, dont le retrait, sous mon nez, en effleurement de sirènes hurlantes le long de tes cuisses bronzées, m'impose des deux épaules sur le sol qu'à jamais infidèle, toujours je retombe dans tes pièges ?

Ton silence affecté peut-il être plus bruissant qu'au moment de ton corps magistralement courbé face à moi en servitude d'arrosage ? Je voudrais pouvoir me moquer. Te dire sarcastiquement : Arrête ! Je connais ton manège ! Mais ce serait prendre le risque d'un démenti cinglant face au plaisir de mes yeux méthodiques cadastrant les abords postérieurs velus de ta nuit intime.

Et ma main s'est dessaisie du poème pour à nouveau s'apprêter à le consommer … en toi.

Il est des langages sans vocabulaire d'ordre syntaxique pourtant infiniment complexe. Nous en sommes tour à tour les virtuoses interprètes. Ton corps papillon descend vers le mien aiguille, s'arrêtant au premier mot de ma cime.

Et ta bouche à mon oreille murmurant : "Caresse-moi avec ..."

Car aujourd'hui ton humeur câline n'est pas aux intromissions hâtives. Il me faut abondamment te badigeonner de mes filamenteuses sécrétions. Ton marché des sens est exigeant, précis, soucieux de qualité. Ainsi chaque repli doit recevoir son dû d'émoulage onctueux. Ta masculinité impubère doit patiemment s'instruire de tous ses possibles. Ton goulot d'étranglement se conformer au calibre du crime.

Et ta bouche à mon oreille conseillant : "Tu peux … maintenant ..."

Ce pouvoir que tu me laisses est en fait un ordre que tu me donnes. Je suis sans illusions à l'instant où tu t'assois les yeux fermés d'un soupir sur ma puissance engouffrée. D'ailleurs qu'ai-je à faire, galérien du plaisir, sinon palper en cadence les joues insolentes de ton cul magnifique, maintenir de mes doigts en vé le cigare dionysiaque que tu consumes à l'émonctoire de ta joie.

Et ta bouche à mon oreille haletant : "Dis-moi que tu m'aimes … Dis-moi que tu m'aimes … Salaud !"

Mais ta langue rouge de diablesse, virevoltant aussitôt contre la mienne, est plus rapide que ton cerveau rose d'amoureuse. Tu n'attendras pas ma réponse avant d'arrimer ton rythme spasmodique à ma lippe. Ta narine dilatée me sibilant tes remous obscurs au moment où mon flux laiteux illumine tes entrailles.

 

                                                                   Elle

Qui ne sait pas que l'on peut tuer par Amour ? Ah ! L'arracher de toi et t'ouvrir le cœur en lacération de souffrances. Ma souffrance de te faire mal, atrocement. J'aimerais le dévorer ce cœur qui m'appartient. Devant ses yeux lavande. Trop belle, trop chienne, trop experte à te tromper sur tes vrais sentiments.

Je suis petite, trahie. Je regarde vos corps, vos gestes. Ballet magique. Et tu ne me vois pas, tremblante. Oh cette envie de hurler, de lui jeter à la figure tout ce que je sais de toi de nous ! Si peu en vérité à côté d'elle. Je te supporte pourtant en silence lui faire l'amour comme tu ne me l'as jamais fait. Elle m'a vue mais n'arrête pas sa maudite chevauché. Perverse amazone.

Pour ce crime, si je le pouvais, je te donnerais en pâture aux chacals en me régalant en pleurs de ton agonie. Lèvres tremblantes. Bouche sèche.

Je vous envie. Elle sait te donner ce que ma jeunesse ne peut encore t'offrir. L'expérience des reines. Excuses faciles peut-être ? Son corps magnifique oscille en cascades de cheveux. Tes doigts sont partout à aimer. Je pleure, j'ai honte. Honte de toujours vouloir croire en ton amour mensonger. Honte de devoir te partager.

Je ne devrais pas rester à vous regarder. Mais le spectacle de vos corps soudés... me rend voyeuse, passagère clandestine. Investie de désirs instantanés.

Par défi je me masturbe devant elle, à ton insu. Elle me sourit la garce et me fait signe de partir discrètement. Décharge électrique entre mes cuisses. Toi tu ne sais rien. Préoccupé par ton plaisir égoïste. Je reviendrai... Je me vengerai de toi et d'elle.

 

Ton sang âcre

Vendredi 31 Mars 2000

                                                                   Lui

Nul ne pénètre sous la vaste coupole de verre sans se sentir parcouru de sentiments étranges.

Même emprisonnée la forêt est une force indomptable. Amazonienne de naissance elle sait se mettre en réserve de ses fulgurants possibles pour le jour où, inattentif ou simplement amoureux d'elle, son gardien laissant la porte ouverte elle s'élancera libre au dehors en puissante marée sauvage.

En son sein ma nature profonde est en harmonie de pulsion : Celle des déséquilibres séminaux aux hécatombes fertiles. Mon œil sous l'alchimie de son feuillage peut redevenir aussi jaune, aussi brillant que l'or. Ma pupille et ma langue se fendrent. Ici, ce qu'il y a de plus mystérieux en moi ne craint plus de s'exposer, de se reconnaître. Ici, j'aime comme au tout début de l'Amour. Sans restriction de forme ou de couleur. Sans appel possible à la raison, sous l'émergente reptation des instincts primordiaux qui feront de toi ma compagne, ma femme, mon élue.

N'est-il pas comme la naissance d'un nouvel Amour funambule pour rendre claudiquant tous ceux que l'on tenait jusqu'alors pour d'impérissables exemples de virtuosité. Devant moi, dans ta courte corolle de tissus, je te sais et te veux encore plus mienne. Merveilleusement difforme, car enceinte de ta beauté, ma pensée n'est-elle pas déjà en œuvre de corruption auprès de mes gènes les plus retords. En injonction de produire semence virulente.

Regarde ! Face à nous ! Tombante ! Cette énorme liane torsadée dont on ignore jusqu'à l'origine céleste. Un bel appui pour l'enlacement de tes mains ? Et ta croupe joyeuse prend la pose du désir alors que tu me dis, contrariée :

-  Tu sais, c'est pas possible aujourd'hui.

Ma main de velours est pourtant sur ta blessure. Le fin tissu de coton se glisse le long de tes jambes. Ta forêt intime, sous ma caresse, résonne bien de pluie tiède.

-  Je suis réglée. J'ai un tampon …beaucoup de sang …

Beaucoup de sang que j'aime. Âcre. Précurseur de cycle. Mon doigt s'enroule du fil blanc et retire l'intrus. Le bouchon saute, gorgé. Je le jette en offrande à l'avide terre Amazone. Elle nous protégera. Rien ne peut plus nous arrêter, tu le sais.

Quand je me glisse tu tressailles en t'agrippant, fleur parasite, à ton support. Mes mouvements sont lents et amples. Ils suivent le rythme d'une force en large déploiement de ramure, en profonde colonisation d'humus. Tes jambes tremblent et tes pieds nus se crispent d'ongles rouges dans le riche terreau. Mes mains enserrent tes hanches quand se lève en ruades la mère des tempêtes. Mon souffle s'accorde à la dévastation qui approche. L'Être se mue en flux de gémissements. Son cri résonne en libérant ses épis d'or … notre Amour est consacré.

Au sortir de mon sexe ensanglanté, je reconnais le vertige des gouffres à jamais inexplorables.

Tes lèvres s'avancent tremblantes vers les miennes et ma bouche saigne sous ton tranchant d'ivoire. Maintenant je sais ce dont tu es capable. Ce sang n'est pas celui médiocre de l'agression mais celui éclatant de la communion. Autour de ma stable démence s'articulent déjà en spasmes génésiaques les figures échevelées de ta folie femelle.

 

 

Je ne voulais pas

Samedi 15 Avril 2000

                                                                  Elle

Je ne voulais pas. Je me sentais impure. Mais il y avait toute cette beauté pantelante de sève autour de nous. Et puis toi … pressant, déterminé. Je ne sais pas résister à un homme qui m'aime, que j'aime et qui est si déterminé. J'ai eu beau te dire que mon espace intime était occupé, pollué, infréquentable. Le vert de tes iris se marbrait de plaisir à la seule idée d'un mélange au rouge sombre de ma féminité en décomposition. J'ai laissé, sans résistance, ta main descendre mon slip, tes doigts fouiller mes lèvres transpirantes, tirer par son fil le tampon imbibé de lave.

Cette liberté retrouvée de mon corps suppurant s'est aussitôt muée, contre toute attente, en impatience de toi en moi. Au plus profond. Jusqu'à toucher les organes internes de reproduction pour les faire résonner sous tes puissants coups de gong. Oh ! La douce vigueur de ton ventre contre mon cul relâché, en profonde extension d'accueil, vers ta verge cyclopéenne. J'ai savouré les quelques ratés de pénétration, si excitants d'imprécision autour de mes portes dégondées, quand tes mains s'agrippaient fébriles à mon corps liane. Et puis … cette fulgurante avancée de ta chaleur. Somptueuse longueur dilatée, fortement veinée de spasmes, me fourrageant les entrailles alors que mes muscles vaginaux se contractaient autonomes. Avide bouche vampiriaque. J'ai reçu en moi la sonde de ton amour impétueux comme racine têtue en quête de nourriture. Je suis ta nourriture.

J'aurais aimé m'étendre sur le sol pour graver dans mes yeux la beauté de ton visage crispé sous l'effort de plaisir. Mais tu étais si vite, trop vite, loin dans ton voyage solitaire de fécondation. Dans un langoureux râle, tu m'as transformée en jarre d'opaline pleine de ton jus abondant et parfumé.

Ah ! Si j'avais seulement pu te garder plus longtemps gonflé au fond de ma caverne tapissée d'onctuosité écarlate.

Tu m'as prise impure … tu me connaîtras glorieuse. Ce jour-là je te prendrai comme moi je le désire.

Sans le savoir tu as amorcé un débit vulvaire anthropophage, libérant de mes bas-fonds marécageux les images et les mots d'un sublime festin de femelle enragée auquel ta place est réservée, mon Amour … de chair tendre.

 

Sur le sable

Samedi 22 Avril 2000

                                                                   Lui

La plage est déserte … encore déserte. Peut-être l'a-t-elle décidé pour nous ? Peut-être reste-t-elle ainsi chaque fois que des amants dessinent sur elle un chemin hésitant de pas entrelacés ? Sans doute engouffre-t-elle dans ses sables mouvants tous ceux qui pourraient entraver la marche, parfois solennelle, parfois sautillante, des corps qui secrètement ne tendent qu'à s'aimer, se posséder ?

Nous nous sommes assis face au vent du large. Le parfum tiède de ton cou duveteux s'ajoute aux essences fortement iodées des embruns vaporisés. Ton dos contre mon ventre, mes mains caressant tes avant-bras. La lumière nous inonde sous la respiration tranquille du désir naissant. Les mots sont simples et sans importance puisqu'ils suivent un guide perdu, désespérément accroché à des repères insignifiants … un grain de peau, une légère griffure, le sens d'une pilosité rebelle. Tu te retournes pour déposer sur mon épaule un baiser qui se propage aussitôt en multiples ricochets d'amour. Puis tu cours vers l'eau … Ton léger jogging me dispense ta beauté ferme offerte en transparence. Quand tu me reviens dans l'épuisement d'une cavalcade exaltée de cris aigus, tu finis lourdement à genoux sur la tour d'un château que je te construis.

- Mets-moi un peu de crème … j'ai envie de bronzer.

Ton tee-shirt s'est envolé au rythme de ton souhait. C'est ta liberté, ton droit de pouvoir assouvir le plus minuscule comme le plus vaste. Ventre sur la serviette étendue en nappe d'abondance, je dépose un long cordon de parfum beige que mes doigts étalent sur ton dos. Ils prospectent assidûment la vallée encaissée de la colonne vertébrale, se terrent un moment à l'abri d'une omoplate devenue saillante replongent en dévalement vers la naissance d'une fesse. Ta joue est heureuse de ces longues minutes de caresses apaisantes. Tu te retournes en splendeur de mamelles hérissées.

- Devant maintenant !

Une moue provocatrice sur ton visage en dit long sur ta lucidité des choses qui me troublent. Ma paume onctueuse sur tes seins triomphant de jeunesse. Ton regard malicieux scrutant mon émoi sous les ruades silencieuses de ton torse ferme en sculpure de proue.

- Comment tu me trouves ? Tu m'aimes ?

Ma flexion vers ta peau, l'aspiration de ma bouche sur tes monticules de perfection tendre sont bien trop explicites pour s'encombrer de verbiage. Ma main s'est glissée sous le jogging et tu souris d'aise en écartant les jambes.

- Pas avec la main … je préfère avec ta langue … c'est plus doux.

Le pantalon s'est effacé. Ton slip de coton blanc n'est que l'ombre d'une protection sur l'entrebâillement sombre d'une pilosité qui m'hypnotise. Tes ongles vernissés rouges écartent le tissu, ouvrent la voie pour ma bouche. Émergeant son muffle vigoureux au raz de ta chair broussailleuse, ton clitoris conquérant s'enivre le premier de nos baves. En rumba déhanchée ma langue se pavane dans la luxure vertigineuse de ton parfum intime, sous les replis cramoisis de ton geyser emprisonné. Tes mouvements de cuisse erratiques m'enserrent d'abord le visage, s'ouvrent ensuite en ciseaux fous, tremblent sous le tourment de ton plaisir en progression. Plusieurs fois ta bouche se murmure à elle-même des secrets d'alcôves surchauffées, tes seins se grisent de mamelons pointus. Quand je retire ma bouche, tu rechignes, tu quémandes des yeux. Ta main leste, en prospection effrontée sous ma ceinture, arrive à me saisir, à me martyriser sous la pression de tes doigts nerveux.

Je voudrais t'avoir en moi … mais je ne veux pas que tu jouisses maintenant … il faut que tu attendes ce soir. Promets ! … allez !… promets !… même si je te supplie de continuer … surtout si je te supplie.

- Bon, je te promets.

J'ai un peu honte de n'être que le jouet de ta volonté souveraine. Mon sexe dans ta main réduit à la seule utilité d'une turgescence que tu manipules à ton gré au labour méthodique de ton accès juteux jusqu'à la réplétion de ses fucus écumants. Et puis d'un coup, la furieuse ingestion vulvaire, tes mains pétrissant frénétiquement la rondeur musclée de mes fesses noyées de transpiration.

- Viens vite au fond ! … plus fort ! … je t'aime ! … continue ! … ha ! haaa ! mmmmmm !

Pour respecter ma parole et juguler in extremis la montée du sérum, j'ai usé de stratagèmes m'obligeant à me retirer en urgence ou côtoyer en pensées l'immonde vision de la laideur. Plusieurs fois, rageuse d'excitation, tu m'as remis de force en toi pour éprouver jusqu'aux limites de l'absurde la valeur de mon serment. J'ai tenu bon … je ne sais comment, sous tes multiples mélopées de jouissance.

Mon chéri, ce soir je deviendrai ta maîtresse et ton esclave … je te boirai jusqu'à la dernière goutte.

 

 

Rêveries

Samedi 06 Mai 2000

                                                             Lui et Elle

Une simple cerise écrasée dans ta bouche, bien plus que la dissection méthodique d'un cœur m'enseigne le tortueux tracé des artères de vie. Si je m'écoutais je mourrais là, simplement à te regarder en paresse de manducation sous la faible résistance de mon fruit rouge qui libère son jus sur ta langue.

Je m'égaye de te voir désemparé. Chair je suis, chair tu rêves. Rouge cerise, vulve tendue sous tes coups de boutoir en devenir. Je te montre ma fausse virginité, pudeur, blancheur et simagrées. En veux-tu ? En voilà ! Je te grimpe, agile. T'escalade, gracile. Papillonnement de cils, tourment et tempête, deux papillons bleus se ferment.

Ne m'est-il pas donné de comprendre enfin que l'éternité se limite à ces subtils instants ? Mes yeux dans les tiens, sur ta bouche, abordant en génuflexion la vallée promise où coule ton lait teinté de miel quand mes forces en sont réduites au désempilement des digues au désobstruement des biefs. Le fleuve rose de ma pensée n'est plus vassal de son éternelle soumission à la pérennité de son cours.

Nous en sommes aux marques d'amour tatouées à même le corps. Si tu bouges je te mords. Unifié, présent, passé d'hier ou d'une heure. Esbroufe, simulation. Tu t'attaches à mes lobes d'oreilles à la cambrure de mes reins. Jeunesse je suis, je souris cruelle devants une ride que tu me montres, je te blesse facilement. Et moi je ris bien haut et fort, je n'ai pas peur de toi, j'ai gardé intacte mon âme.

Je ne serais plus qu'un corps … à jamais, s'il te prenais l'envie de m'envahir. Il n'y aurait plus d'espace pour les mots inutiles. D'abolition en abolition ne resterait que sensation de l'inépuisable repos dans la plénitude du renoncement aux luttes sans issue. Tu garnis mes bords de lumière et je ne distingue déjà plus d'autres variations que celles qui se découpent obscures dans le prisme que tu es. J'avance maintenant sans cailloux blancs, les yeux fermés me guidant vers l'inconnu.

J'ai rêvé de toi cette nuit. Tu étais à coté de moi dans mon lit et tu me baisais tendrement. Je regardais la tête de Luc qui roupillait sans se soucier de rien... pendant que je pressais effrontément mes fesses gourmandes contre ton ventre accueillant... Tu avais réussi... diable que tu es... à te mettre en moi sans réveiller personne. Nous faisions peu de mouvements et je percevais affolée les dilatations convulsives de ton sexe chaud dans ma cavité ivre de toi... j'ai tant aimé tes mots d'amour prononcés à mi-voix... Après que tu aies joui, je t'ai retenu longtemps captif... même tout petit dans ton jus parfumé... simplement pour mesurer l'éternité du plaisir que me procure ton amour sans partage. Je sais que tu m'aimes parce que la chair ne ment pas. Son brasier m'éclaire de l'intérieur et les ombres flottantes du désir inondent de feu les parois du vase que tu es seul aujourd'hui à savoir goûter pour me désaltérer. Mon hurlement de joie silencieux t'appartient... il ne fait que répéter lancinant l'envie mortelle que j'ai de tes lèvres sur celles toujours offertes pour toi de ma féminité endolorie d'intempérance.

 


Ta béance trouble

Samedi 24 juin 2000

                                                                   Lui

IL est des tremblements de chair, impulsives marées montantes, qui ne relèvent ni de la peur ni du frisson. Sous la blonde attente d'un ventre déployé, insondable, s'ouvre la béance trouble d'un Opéra en attente du virtuose pour l'instrument de son unique accord.

Quel autre fuligineux violon que celui pervers de mon âme perdue pour accompagner les nuances ébénéennes de ton corps empourpré de feu ? Maudits soient les sourds de peau et les aveugles de touché, le tracé vers ton royaume leurs restera inconnu. A la courte paille de la vie j'ai tiré le précaire. Il s'accorde d'une fin sans descendance à humecter le souvenir amer de rendez-vous manqués sur des corps trahis.

Vers ton offrande impudique ma nudité mature en fracas de délire se désespère à nouveau d'une source en possible tarissement. A l'avoir tant de fois longé m'était-il dû enfin de le croiser cet Amour unique aux lèvres de sel qui me lacère de ses langoureux appels ?

-   "J'ai tellement envie de toi … viens !"

Des années de mémoire seront protégées à conserver la splendeur de ce pur tremblement comme onde parfumée germant d'on ne sait quel recoin de ton mystère, glissant par étapes de spasmes jusqu'à l'affleurement généralisé du désir sur toutes les pointes, dans tous les creux, nos membres assemblés ne supportant plus d'autre tolérance que celle qui permet le fleurissement des extases.

Et puis je l'ai vu, je le vois et le verrai éternellement poindre sur ta bouche, ce cri mouillé comme renaissance de nous dans le mélange de nos salives.

-   "Je t'aime !"

 

                                                                  Elle

C'est ici que nos chemins s'écartent un peu. Chacun respecte les silences de l'autre, la pudeur, les craintes. Tu m'observes à tâtons, fuyant mon regard trop bleu pour ton cœur. Tu n'es plus le maître de notre avenir. Dans mes rêves, je pousse mon orgueil devant moi, fière bulle imaginaire, je suis deux à présent.

Mon ventre encore plat dessine les contours de tes cernes, tu te prépares aux nuits blanches à venir. T'ai-je déjà dit je t'aime ?

Mon corps s'offre toujours à toi avec autant d'ardeur, mais tu me trouves si petite, si fragile, tu n'oses plus que m'entourer de tes bras de géant. Tu fredonnes, la tête posée contre mon ventre essayant de deviner Il ou Elle, cette partie de moi que tu ne connaîtras pas tout de suite.

Patience mon amour......je suis égoïste.
Pour le moment c'est à moi qu'elle parle, oui Elle, je le sais, c'est une extension de nous au féminin, je la devine du bout des doigts, caressant à l'infini le début de sa vie.

 

                                                                                                 A suivre ...

 


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