Quotidien de la mémoire
(copyrights 2000 - H&L Editions)
Le château des Moumirs
I
Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant
existé serait le pur fruit d'un hasard facétieux.
Cung Gia
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l'auteur
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Avant-propos J'ai choisi une
petite soeur Chez les frères Maristes
Les yeux d'Anita
L'or et l'argent Mai 68 (l'ordre des
choses) Les seins de Gisèle
Avant-propos
J'ai fait pipi au lit jusqu'à l'âge
approximatif de neuf ans.
C'est dans le déchirement de mon placement en pensionnat que j'ai aussitôt appris à
maîtriser le flux de cette puissante expressivité, alors qu'un tel événement - de type
carcéral - eût probablement chez tout autre enfant déclenché le phénomène inverse.
N'étant pas psychologue de formation, je ne sais pas encore aujourd'hui quelles sont les
conclusions à en tirer. Mais si pisser au lit est une interpellation amoureuse, j'en
conclu que les frères Maristes n'avaient pas mes faveurs.
Pour me "soigner" de cette infamante énurésie (qui déshonorait très
certainement mon pauvre père), ma mère protégeait ma paillasse d'une alèse de
caoutchouc rose que je détestais. Qui sentait mauvais la honte : ma honte.
A sa décharge il faut dire que "maman", alias ma mère, n'était pas
particulièrement versée dans les sciences humaines. Ni dans aucune autre d'ailleurs. Mon
père, qui aimait de temps à autres la traiter de crétine (quand elle avait justement
des accès de lucidité purement féminine), ne l'aurait pas supporté.
Beaucoup plus tard j'ai compris que cette femme-là ne désirait pas d'enfants, n'aimait
pas faire l'amour - oserais-je l'ajouter sans en être totalement sûr : avec un homme
- et s'accommodait mal d'une vie qu'elle avait rêvée différente : faite de voyages et
de solitude. Très jeune elle avait dû assumer des responsabilités d'adulte auprès
d'une mère veuve sans grande énergie avec un petit frère surprotégé donc préféré.
La jeunesse est sensible à ce genre d'injustice. Je lui pardonne donc beaucoup de choses.
Tout cela remonte aux années 1950. Avec le "bug de l'an 2000"
et l'évolution, il y a au moins plus de "150" ans.
J'ai choisi une petite soeur
Mardi 4 janvier 2000
Oui, j'ai choisi une petite sur. Il y a quelques
jours je lui ai dit : "Sors de l'ombre,
je t'aime". Elle m'a répondu :
" Étrange étrangeté :-) que ce message." Comme elle maîtrise parfaitement son outil de
communication elle m'a même dessiné une petite tête qui rit. C'est très certainement
à cause d'elles - de ma petite soeur et la tête qui rit - et
pour elle - ma petite soeur - que je débute ce journal.
Un jour, pour faire mentir le fameux dicton sur la famille
qu'on vous impose, je me suis choisi un père. Hélas il m'a quitté avant de pouvoir
être fier de moi, fier de lui, de ce qu'il avait réussi à faire de moi en si peu de
temps, avec si peu de moyens, en dépensant si peu d'énergie, sans le vouloir. Tout
simplement en se laissant aimer comme un père. Il est probable que je parlerai de lui
plus tard ou jamais. Mais ça n'a pas d'importance puisque c'est mon père à moi, pas à
vous.
Revenons un instant à ma nouvelle petite sur ( visite de son journal
- qui vaut la peine du déplacement ). Je ne lui ai pas demandé si elle voulait bien
être ma petite soeur. Elle n'a pas le choix. Comme ma vraie grande sur n'a pas eu
le choix de m'avoir comme petit frère. Tout ça a l'air compliqué mais ce l'est encore
plus qu'on ne le croit. Ça demande des années d'étude - ou de vie - pour commencer à
bien comprendre.
Quand j'étais tout petit petit, j'avais déjà une grande sur que je ne savais pas.
Quand j'ai su que celle-là en face de moi à table, qui faisait rien que m'embêter et
que pour me venger je léchais exprès tout le bord du bol de chocolat qu'on devait se
partager. Pour que ça la dégoûte. Et que je puisse me goinfrer tout
Que
celle-là disais-je : c'était ma sur; il était déjà trop tard !
On habitait dans une énôôôrme maison qui s'appelait le château Bon.
Probable que c'est un monsieur Bon qui l'avait fait construire. Mais moi
je me grattais la tête à n'en plus finir pour savoir comment un lieu aussi sinistre,
avec un escalier aussi plein de monstres qui voient sans lumière avec des gros yeux
blancs, pouvait être bon.
Bref ! dans ce lieu de ma petite
enfance, non averti que dans une famille les enfants doivent rapidement apprendre à
s'unir, défendre ensemble leurs intérêts, j'ai goûté très tôt aux affres de la
solitude et de la peur. Je n'irais pas jusqu'à affirmer que la maxime : "diviser
pour régner" fût délibérément à l'origine de nos déportations respectives
mais le résultat était le même. J'occupais la chambre du coin nord-est - la plus
froide - elle occupait celle du coin sud-ouest - la plus petite.
Résulat : en dehors des repas nous régnions férocement
sur nos royaumes respectifs aux antipodes l'un de l'autre. Dans mon antre j'accumulais
avec la vitalité d'un sconse en danger (skons / skuns / skunks -
vous savez ces petites bêtes qui puent) tous les détritus que je
considérais de quelque valeur marchande : vieux revolvers ou pistolets à pétards, à
eau, etc. - restes de démontages divers - collections de bandes dessinées de poche : Tarzan,
Attack, Panache, Akim, Zero, etc
- enfin un fatras de fortune qui me permettait
soit de me défendre contre les Moumirs (invention de
"maman" - répétez après moi : vlaaà les Moumiiirs !)
qui m'encerclaient, soit de me distraire dans des escapades mentales convulsives à grand
coups de : trouff, totrouff, pourfff,
ou tout simplement de me soulager de mes
abondantes et intempestives excrétions aqueuses. A cet effet - l'unique chiotte de
cette vaste bicoque se trouvant dans une buanderie au froid dans la cour - je
conservais toujours une série de récipients divers, de contenances très inégales, mais
dont la somme garantissait en principe un transit complet.
Pour mémoire : des bocaux divers, de petites boîtes de lait Carnation, un très
vieux sac d'école en cuir (à n'utiliser qu'en urgence absolue évidemment) et le
meilleurs parce que le plus direct, donc le plus relaxant : je veux parler du vide (à
genoux sur le bord de la fenêtre) qui donnait sur le jardin intérieur. Le mur de crépi
en garde peut-être encore aujourd'hui l'intime souvenir coloré.
Tu vois Isabelle -
fragile tourterelle -, si je t'avais trouvée à cette époque - nous aurions été
trois enfants - il inévitable qu'une aile de ton royaume parfumé de poésies
légères eût jouxté les décombres septiques du mien. M'obligeant à considérer
sérieusement les devoirs d'un accueil fraternel dans la salubrité. Qui sait - on
peut rêver - peut-être aurions nous eu de fantastiques révélations, de surhumains
serments à nous faire au milieu très aminci de ma paillasse antique.
Regrets éternels.
Chez les frères Maristes
Mercredi 5 janvier 2000
J'ai donc commencé ma "carrière" chez les
frères à l'âge de 9 ans. Pension à la dure : dortoir, réfectoire, messe tous les
matins à 7 heures (chapelet tous les soirs en mai - mois de Marie), retour au bercail
familial une fois par quinzaine au mieux. J'ai tiré trois ans. On m'a
relevé de ma charge avant que les divers tics qui colonisaient mon corps ne posent un
sérieux problème d'image à la famille - le genre de chose qui comptait.
En parallèle, ma sur fut confiée à la Doctrine
Chrétienne. Dans une autre ville. Je n'ai jamais eu d'échos précis sur ses conditions
de détention. Comme notre royaume, nous avions chacun notre goulag. A chacun suffit ses
blessures de guerre.
Pourquoi fallait-il que je quitte le château des
Moumirs pour rentrer dans la prison des Maristes ? Si j'ai bien compris à
l'époque - parce qu'il fallait quand même donner un semblant de raison - même à un
enfant - mes résultats scolaires à l'école du village n'étaient pas à la hauteur
des espérances (déjà !).
Balivernes ! Il y avait derrière tout ça un conflit
d'intérêts dans lequel notre bien-être ne faisait plus le poids. Ma mère désirait
travailler. Être représentante de commerce. Voyager enfin
Gagner ses
propres petits sous avec sa petite auto. Il faut dire que les sous qu'on doit quémander
c'est pas rigolo - moi non plus je n'ai jamais su le faire. Mais normalement on
peut, on doit s'y faire pendant le temps nécessaire.
Non ! Dans le choix des
investissements nous sommes passés ma sur et moi dans la colonne des charges à
amortissement accéléré. Ce ne sont pas les larmes de crocodile d'aujourd'hui, ni les :
"vous avez toujours été propres sur vous." qui réécriront les pages
du grand livre des comptes.
Peu importe ! Comme c'est souvent le cas tout n'a pas été
négatif. L'éloignement forcé, le désert d'affection, la lutte pour un partage
équitable de la gamelle de crème; tout ça et le reste finit par provoquer l'émergence
d'une personnalité. Ou plutôt d'un dédoublement de la personnalité.
A l'extérieur : un enfant soumis, retord pour éviter les
multiples dangers de l'enfermement.
A l'intérieur : la constatation stupéfiante d'un décalage ahurissant entre le schéma
corporel et mental.
N'étant pas ni à l'époque ni maintenant dans le crâne
des autres - Dieu merci ! - je ne peux déterminer la magnitude relative de ce que je
considérais moi-même à l'époque comme une singulière singularité. Pour vous donner
une petite idée de ce que cela donne il suffit que vous vous imaginiez avec votre cerveau
d'adulte dans le corps d'un enfant. Vous regardez tous ces petits ou grands
"cons" vous déborder en tout sens dans la cour de récréation. Hurlant des
cris de sauvages. Alors qu'isolée dans sa boîte crânienne votre jugeote s'interroge :
"Mais qu'est-ce que je fouts dans cette galère ?". Mais ATTENTION ! Rien ne
doit transparaître sinon vous devenez immédiatement la proie des zombies vociférant.
J'ai terminé la première année
scolaire au raz des pâquerettes - peut-être avant-dernier. Au lieu de redoubler
- j'imagine qu'il y eut négociation. Chez les curés tout peut se négocier - on
m'a orienté vers une "classe spéciale".
Un déshonneur de plus pour mon père. Un rêve pour moi je l'avoue.
Au milieu des rebutés du système - y compris l'instituteur qui avait aussi un fameux
grain - j'ai enfin pu exploser. La cour des miracles de l'institut Sainte-Marie m'a
certainement sauvé d'un pire. Au sein de cette faune de zozos imprévisibles et ô
combien intéressants, mon camouflage de soumission n'était plus de mise. Dangereux même
! Les valeurs s'inversaient. Pour maîtriser la situation à mon avantage, je devais
communiquer sur un mode majeur. Devenir un comédien. Un tragédien du réel.
Dans cette lutte d'influence enthousiasmante où la rhétorique déclamatoire prenait
enfin le pas sur l'absurdité des gesticulations vaines, j'avais un redoutable challenger
cleptomane du nom de Pil. Sans le craindre je le respectais beaucoup car
sur une estrade il avait du talent.
Les meilleurs d'entre nous - la crème des fous -
avait le droit de réintégrer une "classe normale"
l'année suivante. Une année terne où je faillis disparaître par étouffement et qui se
termina juste avant l'examen de géographie par la grâce d'une varicelle foudroyante.
J'avais douze ans, des tics à n'en plus finir et un traitement lourd à l'halopéridol - la
lourdeur dépend du nombre de gouttes.

Les yeux d'Anita
Jeudi 6 janvier 2000
- T'as vu l'Anita ?
Était-ce à moi que l'on s'adressait, ou était-ce une
phrase que mes oreilles toujours attentives avaient happée au vol dans le brouhaha "baugesque"
du réfectoire ?
Je ne m'en souviens plus.
Ce dont je me souviens très bien par contre c'est
l'éblouissante beauté du visage d'Anita.
Il n'y avait pas à s'y tromper. La tablée où il (elle ?)
s'était assis, avait immédiatement pris l'allure d'une embarcation épargnée par le
tumulte. Une scène biblique au milieu de l'enfer. Une table qui, par la seule évidence
de cet être délicieux, devenait celle des élus : autorisés à contempler au plus près
le joyau cristallin de l'amour.
Moi, nous, les autres,
nous étions à jamais les
rejetés, les damnés.

Il faut beaucoup de talent pour définir la grâce sans en
trahir l'impalpable luminosité. Il est certain que cette grâce-là existait avant tout
par ses yeux. Les yeux fusains d'une jeune reine égyptienne. Rehaussant de leurs ailes
aventureuses l'extrême finesse d'un visage antique, dont l'irréelle beauté nous
aspirait inéluctablement dans l'impasse d'une torturante sujétion.
Autour du masque d'albâtre
s'organisait naturellement le méthodique et ensorcelant théâtre d'une gestuelle aux
limites connues du raffinement. De celui qui requiert une exténuante dévotion à celles
dont le prestige est de plaire aux dieux.
Du jour où Anita entra
dans notre bagne, les chaînes de la réclusion se transformèrent en chaînes de la passion.
Le réfectoire en salle des repas perdus.
J e n'ai jamais eu de penchant
particulier pour les êtres de mon sexe, autre que celui de la simple - mais tenace
- curiosité.
Longtemps et encore très souvent aujourd'hui, la platitude
de leurs ambitions stériles et sans grandeur m'a semblé une raison très valable de
limiter les contacts au strict nécessaire.
Je n'en dirais pas autant de nos surs en humanité.
C'est pourtant sans la moindre réticence que j'avoue ma complète impuissance à
résister au charme dévastateur de cet adolescent de quelques années mon aîné.
Il ne s'est rien passé entre nous.
Son carnet de bal fut rapidement rempli par la folie de
ceux qui avaient l'avantage de l'âge et de la force - y compris nos geôliers.
Je me suis contenté de mots anodins, quelques regards au
détour d'un couloir, dans l'entrebâillement d'une porte.
Trois fois rien
mais qui pesait si lourd dans mon
imaginaire de l'époque.
Je me rappelle encore cette magistrale interrogation quand
je le (la ?) vis un jour à mes côtés aux "pissotières". Transi par le
rayonnement de sa proximité et complètement abasourdi par la constatation qu'il devait
lui aussi pisser comme nous. Probablement avec le même genre d'outil.
Dans l'analyse régulière que je pratiquais
des comportements humains il y avait une énorme case vide : celle concernant les
relations sentimentales.
Sans les données à disposition j'avais
néanmoins suffisamment d'imagination pour concevoir qu'il existait une différence
fondamentale entre nous, les petits mâles, et cette autre espèce dont l'unique but sur
terre était de nous perturber.
Cette différence j'en étais convaincu
pouvait être mise en évidence assez facilement par la morphologie des sanitaires
utilisés.
Je présumais donc qu'Anita n'était pas une
fille sans avoir la certitude absolue qu'il fût un garçon. En fait vous l'aurez deviné
: il s'agissait d'un ange.

L'or et l'argent
Vendredi 7 janvier
2000
L'argent c'est le pouvoir, la liberté, le plaisir ... Pas
la sensibilité, le goût, l'amour.
J'ai, j'aurais énormément de choses à dire sur l'argent. Dans notre quartier seul Marc,
le fils du boucher, avait de l'argent. Mes parents n'étaient pas pauvres. Mon père
possédait une voiture quand c'était encore rare. Mais nous ses enfants nous n'avions pas
beaucoup d'argent.
Comme Marc en avait nous lui réservions toujours une place
parmi nous - il était plus jeune il devait la gagner au sein du groupe.
Venait-il à en manquer que le qualificatif de "gros lard" ressurgissait à
point nommé. Nous aimions bien Marc que nous appelions familièrement "gamin".
Mais cet amour fraternel ne nous empêchait pas d'être sévères sur les rentrées en
espèces ou nature. En cas de nécessité absolue (l'approche de la fête au village),
Titou et moi avions d'autres sources moins aléatoires mais un peu plus risquées.
Excusez-nous Seigneur ! Tout cela pour confirmer que même à cette époque les sous
comptaient plus que la religion.
Un jour j'ai appris que Marc avait
plongé la tête la première dans son assiette de potage lors d'un repas organisé par
son usine. Il n'avait pas atteint la fin de sa trentaine. Dans les bulles aux légumes qui
lui sortaient du nez personne n'a pu lire les raisons de son départ inopiné. Nous, ceux
du clan, nous nous doutions que les "shoot", les "fix", les mois de
taule en Espagne, tout cela n'avait probablement pas contribué à le rendre accessible
aux plaisirs simples d'une soupe ordinaire qu'on ingurgite par la bouche. L'argent ne fait
pas le bonheur.
Quand je disais - il fut un temps
où ça pouvait étonner. - à certaines personnes que je possédais des actions de
sociétés cotées en bourse à l'âge de 13 ans, ils me regardaient avec un air ahuri. Il
y a des chances que l'acquisition de ce petit patrimoine fit plus plaisir à mon père que
toute gloire que j'eusse pu récolter dans quel qu'autre domaine que ce soit. La
perspective de me voir peut-être embrasser la "brillante" profession d'agent de
change était pour lui le summum de la jubilation. Pour alimenter sa frénésie
prospective et en récolter un peu de "rabe" - tâche extrêmement ardue
- je tenais un cahier de courbes sur la variation journalière de mes valeurs. Je ne suis
pas devenu agent de change mais j'ai appris à spéculer.
Il y a quarante ans on plaçait sérieusement son argent.
Les initiés choisissaient la bourse, les conservateurs achetaient de la terre et ou des
bons du trésor. Pour les initiés le choix était simple : les mines de charbon chez nous
et les mines de cuivre chez les "bougnouls". Les plus audacieux spéculateurs
pratiquaient du 80/20.
Papa plaçait en bourse. Pépé, qui avait séché toutes ses économies en 29 - ce
qui ne l'empêchait pas de remettre ça - , recommandait lourdement le
"métal". Il utilisait cette définition énigmatique pour que sa mention en
présence d'oreilles juvéniles ne portât pas à conséquences. Le "métal", si
vous n'avez pas encore compris, c'était l'Oooor.
Un jour j'en ai vu 50 kilos sur la table du salon. Une petite pyramide d'orgueil
amoureusement mise en scène sur un tissu de velours noir. Au grand dam de mon père qui
l'aimait passionnément, l'éclat de l'or ne m'a jamais séduit. Ma sur par contre
semblait sensible à sa couleur de feu.
De ce paquet de "métal" il
me reste un souvenir désopilant.
L'or est I N A L T É R A B L E répétait mon père. C'était bien là
sa caractéristique première et fondamentale. Aussi quand un jour ma sur lui
annonça tout de go - et vicieusement - que l'or pouvait être attaqué par le
mercure, son père lui intima l'ordre de la fermer si c'était pour dire des âneries
pareilles. Certaine de son bon droit et confortée par un vécu scientifique récent, elle
réitéra.
M'eût-il eu moi comme interlocuteur que l'incident n'eût pas dépassé le stade du
mépris réciproque. Pour ma sur, sa fille, il ne pouvait rater l'occasion de faire
confirmer par les faits que parole de père équivalait à parole sacrée.
Mal lui en prit !
Nous étions tous assemblés autour de la table à observer
la mise en place des belligérants. D'une part : un beau petit lingot d'un kilo de
"métal" INALTÉRABLE et de l'autre tout minuscule au fond d'une éprouvette :
quelques mm3 de Hg.
Papa, inébranlable dans sa conviction religieuse, avec la sérénité INALTÉRABLE d'un
Jean César à la tête de ses légions, versa d'une seule coulée le mercure
Nos
quatre pairs d'yeux suivaient avec intérêt le roulement des billettes de métal liquide.
L'Imperator s'évertuait à gérer mentalement l'amplitude de son triomphe annoncé,
lorsque le hurlement effrayé de l'impératrice électrocuta sa glande hypophyse :
JEAN ! JEAN ! LE MERCURE FOND ! Viiiiiiiiiiiite !
Incrédulité ! Consternation !
Effroi ! Le temps que la giclée d'hormones opère le mercure avait disparu et le lingot
d'or s'était transformé en lingot d'argent d'une valeur bien moindre ... évidemment.
Kipling : Si tu peux voir détruit l'uvre de ta vie
Décrire le visage de mon père durant ces minutes
paroxysmiques relève purement de l'art comique hollywoodien. Une sorte de condensé
tragi-comique de Popeye et Bluto. Popeye essayant avec la dernière énergie de frotter un
mercure qui s'ingéniait à coloniser toujours plus de "métal" noble pendant
que les yeux féroces de Bluto fixait sporadiquement l'idiote - en pleurs - qui
l'avait mené dans ce traquenard.
Moi, dans mon coin, je me poilais comme un porteur de gibbosité.
La notion d'amalgame émergea du dictionnaire quelques
minutes plus tard. Il n'y avait pas eu ALTÉRATION (l'honneur est sauf) mais AMALGAME.
Nuance ! Je dois reconnaître que l'émotion passée, la capacité de réflexion reprenant
ses droits, papa en Merlin désenchanté mais clairvoyant considéra que si le mercure est
en phase liquide dans les conditions de température normale, il ne devrait pas être
extrêmement difficile de lui faire atteindre une phase gazeuse plus intéressante. Le
chalumeau fit le reste mais le lingot maudit garda un petit reflet verdâtre du plus
mauvais goût pour un oeil de puriste. Quant aux vapeurs de mercure dieu sait où elles
ont été se loger. L'or non plus ne fait pas le bonheur !
Mai 68 (l'ordre des choses)
Lundi 10 janvier 2000
1968 c'est comme 1789, ça évoque sans forcément
signifier. Dans notre ville de "cambrousse" ce fut principalement l'occasion
d'un remembrement cadastral dramatique (dans le sens important) de la cour du collège.
Avant, dans la cour de récré, il y avait deux zones
séparées par une ligne blanche. D'un côté notre domaine à nous, les couillards. Plus
ou moins 80% de la surface exploitable : football, jeu de paume, bagarres,
De l'autre côté les pisseuses : tabliers bleus,
formations en carré, discipline, sobriété.
Tout ça nous autres les mecs ça nous arrangeait. D'un
seul coup d'il on parcourait le cheptel. Qu'elles se présentent de face de dos ou
de profil, "sardinées" comme elles étaient, on avait de quoi mater de quoi
comparer sans se taper des recherches à n'en plus finir.
Manque de bol parmi ce troupeau de greluches aux ordres il
y en avait quelques unes qui portaient des Levi's hyper-moulants dont la couture du fond
ne leurs rentrait pas dans le derrière - on appelle ça des canons - et qui
lisaient régulièrement les gazettes de la capitale - on appelle ça des intellos.
La Chantal en faisait partie.
Traiter la Chantal de "salope !" - une
broutille faut bien le dire - c'était risquer de se retrouver immédiatement dans la
peau d'un "connard de pédé ! - impuissant!".
Incroyable ! Non ?
C'est dire si en "close combat" on y regardait à deux fois. Mais comme elle
était parquée avec les autres et qu'au-delà de la ligne blanche son ticket n'était
plus valable, il suffisait de lancer ses vannes de loin pour limiter les risques au
maximum.
C'était le bon temps.
Bref ! la reine Chantal a commencé sa thérapie de groupe
: " En vla marre de se faire parquer comme des bêtes ! A Paris ça bouge ! Faut
faire quelque chose !
Ouais ! D'accord !
Tu crois ?"
Parmi les nôtres certains étaient vachement sous
influence. Pour eux l'idée du grand mélange ça bichait un max. La courte vue quoi ! Pas
de stratégie à long terme ! On brade les acquis pour des raisons bassement glandulaires.
L'histoire du plat de lentilles ça n'évoquait déjà plus rien. D'ailleurs les lentilles
pouuufff ????
Un beau matin elles se sont toutes mises à franchir la
ligne ensemble main dans la main. Très dignes, très déterminées. Elles nous ont
complètement bluffés.
C'était nos surs bordel !
Quand le pion a commencé à faire
mine de vouloir rétablir la situation ça a été tout de suite l'émeute,
l'embrasement, l'éruption, les barricades
Nom de dieu ! Fallait qu'ça cesse cette injustice !!!
Avons-nous été plus heureux après ? La question n'est
pas là. Cette fusion était dans l'ordre des choses à partir du moment où le collège
devint mixte. Elle allait en quelque sorte dans le sens de l'histoire. Elle fait
dorénavant partie de notre patrimoine culturel.
Il y a toujours eu des gamines qui découvraient l'amour physique à 12 ans avec des
amants à peine plus âgés. Les statistiques ont peut-être frémi depuis cette époque.
Mai 68 a-t-il contribué fortement à ce frémissement ? Pas sûr.
L'ordre des chose ... certainement.

Les seins de Gisèle
Mardi 11 janvier 2000
À partir de quand la conscience de l'Amour apparaît-elle ?

Je crois tout à fait possible qu'une conscience de l'Amour
n'intervienne jamais chez un individu de même que l'intelligence de l'espace-temps ou la
perception du bien et du mal.
La mère de Marcel était et est restée une très belle
femme.
Avec elle au village nous avions une véritable Brigitte
Bardot à portée de main. Au temps où le sigle BB n'évoquait strictement rien à
mon âme enfantine Louise régnait sans partage sur l'embryon de bourgeon lumineux qui
siégeait au centre de mon hypothalamus.
Il est probable qu'elle ne tombera jamais sur ces lignes,
mais il l'est tout autant qu'elle a eu à un moment ou l'autre à connaître de l'amour
embryonnaire que je lui portais.
Et je n'étais certainement pas le seul à lui vouer ce
type de sentiment.
Il est des êtres dont on pourrait croire que leur unique
fonction est de susciter l'amour. C'est en les observant qu'on peut le mieux comprendre
l'avantage qu'on a de leur ressembler. Une sorte d'éducation par l'exemple qui ne
nécessite pas énormément d'investissement.
Louise faisait partie de ces êtres exemplaires.
En dehors de sa grande douceur de caractère elle était
belle,
très belle.
Quand je compulse les vieux albums de
photos, je ne peux m'empêcher de m'arrêter chaque fois sur celles où on la voit en jupe
moulante fendue avec sa large ceinture dorée qui faisait une admirablement liaison entre
ses hanches gracieuses et sa divine poitrine.

Posters
de Marilyn
Mon père aussi avait un petit faible pour la belle Louise.
Le problème avec papa - qui n'était pas laid du tout
- c'est qu'il n'avait guère la manière. À mon avis pour être aussi nul auprès des
femmes il fallait qu'il n'ait pas eu beaucoup d'exemples à contempler durant sa jeunesse.
Quand papa décidait de faire la cour, il fallait
s'attendre au pire.
Pas qu'il soit un homme brutal ou pressé de conclure. Loin
de là ! Justement ! Toute l'horreur se concentrait - par la crainte d'un refus humiliant
- dans l'escalade de sa galanterie caricaturale. Il finissait par ressembler au frère
Fétide de la famille Adams qui tomberait amoureux de sa propre image.
Revenons à Louise.
En ce temps là il n'y avait pas de
piscines à tous les coins de rue. On apprenait à nager dans la rivière. C'était froid,
dangereux, mais il n'y avait rien d'autre.
Quand la chaleur de l'été nous écrasait, des groupes de
gamins convergeaient aux "Roses" : un emplacement connu de tous où la rivière
se prêtait bien à la baignade.
Il y avait rarement des adultes et peu de filles. Mais
Louise venait de temps en temps pour voir si tout se passait bien car elle avait trois
fils.
Dans l'herbe, sur le bord, elle en profitait pour se
bronzer dans son
comment dire
son bikini décapant.
Il fallait être là.
J'apprenais vaguement à nager en me lançant avec courage
dans vingt centimètres d'eau, tout en veillant à ne pas m'éloigner du bord.
Elle eut pitié.
Quand je revois aujourd'hui en pensée - comme si
c'était hier - l'image de ses deux seins savoureusement bronzés et délicatement
supportés par des bonnets de vichy rose dont la fibre distendue dévoilait en partie les
chairs restées blanches,
j'avoue que les seins de Louise, comme les yeux d'Anita, ont
puissamment contribué à l'expression d'une sensualité dont je leurs reste redevable.
Encore merci.
Suite
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